Lorsqu’on s’intéresse au cigare, rien de plus agréable que d’acquérir de beaux livres.
Ils tiennent le même rôle que dans la gastronomie, les spiritueux ou l’art : de beaux objets qui allient plaisir esthétique et connaissance, beauté et technique.
Dans le domaine du cigare, les livres ont une place particulière : il en existe beaucoup, qui pour la plupart ont été édités à peu d’exemplaires.
Certains, comme An Illustrated Encyclopaedia of Post-Revolution Havana Cigars, de Min Ron Nee, sont très rares, et se vendent à prix d’or.
D’autres ont été oubliés, d’autres encore sont des succès qui mènent à des rééditions, comme Le Petit Larousse des cigares de Guillaume Tesson.
Le livre qui nous intéresse aujourd’hui a fait pas mal de bruit sur internet et les réseaux sociaux parce qu’il est écrit par un confrère, Teddy Pécot : un amateur comme toi et moi, mais qui a eu l’audace et le culot de se lancer dans l’écriture et l’auto-édition d’un livre sur le cigare cubain.
Alors regardons ensemble ce que c’est que Les Cigares cubains, voyage aux 4 coins de l’Hexagone, ce qu’il y a dedans, et ce que j’en ai pensé !
Soyons transparents : Teddy est un copain. On habite dans la même ville, et on se voit régulièrement. Mais j’ai payé mon livre, comme tout le monde, et je vais dire ce que j’en pense, sans filtre 🙂
Les Cigares cubains, voyage aux 4 coins de l’Hexagone, c’est quoi ?

C’est un beau livre de 208 pages, 30,8 par 21,8 cm (environ), consacré au cigare cubain.
Il est publié par Teddy Pécot en auto-édition après un financement participatif.
Après une brève introduction sur l’histoire du cigare, la culture du tabac, la fabrication des cigares, la technique et la dégustation, qui tient en quelques pages, le livre alterne 2 types de sections :
- Une présentation de chaque marque cubaine passée et présente
- Un compte-rendu d’un cigare de (presque) chaque marque, écrit par des confrères situés dans toute la France et parfois l’Europe.
Le livre prend donc le parti de présenter le cigare cubain, mais aussi son ancrage local dans le territoire français et européen, à travers la figure de confrères, connus ou non.
Une idée originale qui ancre l’ouvrage dans le temps mais aussi dans l’espace.
La grande force du livre réside dans sa magnifique imagerie.
Toutes les photos ont été réalisées par House of Grauer, une institution genevoise du cigare, qui a produit des images de toute beauté.
On trouve également, au milieu du livre, quelques petits encarts publicitaires, ainsi que des interviews à la fin (Mourade Hendor, Cigar Advisor à la maison Grauer, Cyril Pelletier, figure importante du cigare français) et une présentation de la maison Grauer, entre autres.
La présentation des marques
Chaque marca cubaine dispose donc d’une section dédiée.
D’abord, une brève histoire de la marque, en quelques paragraphes. La page de droite est consacrée à une ou deux des magnifiques images de chez Grauer.
On trouve ensuite la liste de tous les cigares de la marque :
- Éditions limitées
- Éditions régionales
- Éditions spéciales
- Cigares en production
- Cigares dont la production a été arrêtée.
Pour ceux qui connaissent le site www.cubancigarwebsite.com, c’est la même information, traduite et imprimée.
On trouve le nom commercial des cigares, le nom de galère, la longueur et le cepo.
Ce n’est donc pas un livre qu’on lit du début à la fin, mais un catalogue, une sorte de répertoire de tous les cigares cubains passés et présents.
Le clou du spectacle vient des photos, qui sont très belles mais présentent aussi des cigares d’exception, auquel le commun des mortels n’aura pas accès autrement.
Compte-rendus de cigares
Pour chaque marque, après la présentation des catalogues, figure un ou plusieurs compte-rendu de cigares, écrits non pas par Teddy mais par des confrères.
Là, il y a de tout, du bon comme du moins bon à mon avis, plutôt sur la forme que sur le fond.
Sur le fond, ce sont des compte-rendus, donc forcément des expériences subjectives rapportées, on y trouve ce que l’on peut en fonction de l’écho qu’elles trouvent chez nous.
Sur la forme, certains CR partagent plutôt une expérience au global qu’un compte-rendu gustatif.
En fonction de ce qu’on recherche sur le moment, on sera plus ou moins contenté.
Du côté des cigares choisis par les confrères (j’imagine que l’auteur n’a rien imposé), l’éclectisme est de mise : la production régulière (Romeo y Julieta Wide Churchill, Partagas Lusitanias) côtoie les cigares rares (Montecristo A) ou d’exception (Cohiba Behike 56).
Les débutants – et je crois qu’ils sont la cible principale du livre – y trouveront leur compte, mais les aficionados plus expérimentés aussi.
Combien ça coûte et où peut-on l’acheter ?
Le livre est vendu à 49€90.
C’est sûr, c’est un budget, mais c’est dans la moyenne des « beaux livres ».
Il est disponible dans certaines civettes, mais on peut aussi contacter Teddy pour se le procurer, ou passer par moi : envoie un message à hello@cigare-fourmi.com 🙂

Dois-tu l’acheter ?
Vu le peu de livres qui existent sur le cigare et qui sont encore disponibles neufs, je dirais oui.
Si tu es débutant, alors c’est une excellente porte d’entrée dans le monde passionnant mais un peu intimidant du cigare cubain : tu y trouveras toutes les informations dont tu as besoin pour comprendre cet univers, et le livre te servira de référence plusieurs années.
Pour les aficionados plus expérimentés, il faut avoir bien compris la démarche du livre : il ne s’agit pas d’un livre proposant des informations qu’on ne trouve nulle part ailleurs, ni une technicité hors du commun.
Pour ça, il y a d’autres ouvrages.
Par contre, c’est un excellent livre à lire pendant une dégustation : on peut s’amuser à picorer et chercher çà et là, dans toutes les marques, si le module que l’on fume existe chez une autre marque, dans une édition limitée ou régionale, etc.
Et bien sûr, on a le plaisir de trouver des vrais bouts de confrères dedans !
Conclusion : que penser du livre de Teddy Pécot ?
La démarche est particulière, et il faut bien l’avoir comprise : on ne parle que du cigare cubain, et sous un angle particulier.
J’encourage à l’acheter pour plusieurs raisons.
D’abord, le livre regroupe des infos qui ne sont disponibles que sur internet.
Ensuite, il faut à mon avis soutenir toutes les initiatives individuelles, et celle de Teddy apporte sans conteste à la communauté francophone du cigare.
Enfin, le livre, par sa démarche, encourage à la rencontre, au partage et à la communication entre confrères, ce qui est bienvenu dans notre petit milieu (trop) fermé et (parfois) élitiste !
On peut reprocher à l’ouvrage de ne pas laisser de place pour noter par soi-même les éditions limitées, régionales, spéciales et les sorties futures, qu’il ne contient évidemment pas.
On peut aussi trouver à redire à la qualité un peu inégale de certains compte-rendus.
Mais franchement, quand un de nos confrères publie un si beau livre, en dehors de tout circuit classique, avec l’aide d’une des plus prestigieuses maison européennes (et de la communauté), ne faut-il pas le soutenir ?